Ressources Humaines
LES ORGANISATIONS DE TRAVAIL
N°616 Janvier - Février 2024
Coeur de métier – Se recentrer pour retrouver du sens
Le système de santé français, bien qu’exemplaire en termes d’accès et de qualité, est confronté à des problèmes d’organisation du travail majeurs. Les tâches administratives, informatiques et logistiques viennent trop souvent percuter le soin direct aux patients. Épuisement professionnel et démotivation croissante sont devenus des réalités courantes. Dans ce contexte de crise, il est urgent de se recentrer sur le coeur de métier des soignants avec une approche mobilisant des outils managériaux, mais aussi ergonomiques et technologiques.
15/02/24
La crise des ressources humaines dans le secteur de la santé s’est aggravée depuis la crise sanitaire. L’attractivité des métiers de la santé s’érode, en partie à cause d’une charge de travail perçue comme excessive et de conditions jugées éprouvantes par les principaux concernés. Le manque de personnel qualifié, combiné à un environnement de travail stressant, contribue à une démotivation croissante des professionnels et un taux de turn-over élevé, en particulier chez les plus jeunes. Le manque d’effectifs entraîne une surcharge de travail pour ceux qui restent, créant un cercle vicieux d’épuisement professionnel et de départs supplémentaires, avec des conséquences tant pour les soignants que pour les patients. Pour rappel, la France fait face à environ 15 000 postes d’infirmiers vacants en 2023 1 et à 31,6 % de postes de praticiens hospitaliers titulaires non pourvus, chiffres en hausse constante2.
Pourtant, dans les faits, il convient de rappeler qu’on observe que les professionnels tous secteurs confondus consacreraient en moyenne plus de 50 % de leur temps de travail à des activités non essentielles telles que la gestion des courriels (16 %), les tâches administratives (11 %), les réunions (21 %), des tâches logistiques 3 ou informatiques, et diverses interruptions de tâches 4. Dans de nombreux établissements publics de santé, le temps passé sur des outils informatiques pour le remplissage de données patients, de constantes, de codage « programme de médicalisation des systèmes d’information » (PMSI), s’est accru. Les nombreux dysfonctionnements « du quotidien », qu’ils soient informatiques ou organisationnels, contribuent à une lassitude grandissante : tenues ou codes informatiques perdus, bugs logiciels divers, logiciels peu ergonomiques, doubles saisies de données, problèmes d’imprimantes, procédures trop complexes, mauvaise organisation de l’espace, conflits entre services, etc. La complexification des organisations et de la réglementation administrative applicable contribue aussi à une certaine insatisfaction.
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