Le Cahier TH

Pertinence, du concept à la pratique

N°627 Novembre - Décembre 2025

Décarboner l’anesthésie, un levier concret pour un bloc opératoire durable

Responsable d’une part importante des émissions hospitalières, le bloc opératoire devient un terrain prioritaire de transition écologique. Une étude multicentrique menée dans trois CHU français montre que l’anesthésie intraveineuse à objectif de concentration (AIVOC) réduit par huit à neuf fois les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux techniques inhalées, tout en posant de nouveaux défis liés à la gestion des déchets plastiques.

Dr Brieussel Docteur junior, service de réanimation des urgences de la Timone
Pr Laurent Zieleskiewicz Chef de service adjoint du département d’anesthésieréanimation de l’hôpital Nord de Marseille
Dr Bernat Chef de clinique, service d’anesthésie réanimation de l’hôpital Nord

Projet lauréat de la deuxième édition du Prix de thèse « Pertinence des soins et des parcours », catégorie « Pertinence et écoconception des soins » décerné par la Fédération hospitalière de France, lors du congrès SantExpo 2025.

26/11/25

Le secteur de la santé en France représente environ 8 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, dont une part notable provient des blocs opératoires1. Parmi les services hospitaliers, le bloc opératoire concentre une grande partie de ces émissions en raison de sa consommation énergétique, de l’usage de dispositifs à usage unique et surtout des gaz anesthésiques halogénés (desflurane, sévoflurane, protoxyde d’azote)2. Ces derniers présentent un potentiel de réchauffement global (GWP100) variant de 130 à plus de 2 500 selon l’agent utilisé3. Malgré leur efficacité clinique, ces produits persistent longtemps dans l’atmosphère.

Les gaz halogénés

  • 20 à 30 % : part du bloc opératoire dans les émissions totales d’un hôpital selon les analyses du cycle de vie (ACV) hospitalières2.
  • Gaz anesthésiques halogénés : de 130 à 2 500 fois plus réchauffants que le CO₂ selon la molécule (sevoflurane, desflurane, protoxyde d’azote)3.
  • 1 heure de desflurane équivaut aux émissions d’environ 300 km en voiture thermique*.
  • Écosse, première nation à interdire le desflurane (avril 2023).

* Hu X et al., Resour Conserv Recycl 2021;167:105411.

Face à ces constats, plusieurs sociétés savantes, dont l’European Society of Anaesthesiology and Intensive Care (ESAIC), recommandent la réduction drastique de l’usage des gaz halogénés, l’abandon du protoxyde d’azote et la promotion de techniques intraveineuses plus sobres en carbone4, 5.


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