Ressources Humaines
Territoires, coopérations médicales
N°618 Mai - Juin 2024
Décloisonnement entre ville et hôpital – Décryptage des freins et perspectives des coopérations sur le territoire
Les enjeux de décloisonnement entre la médecine de ville et l’hôpital ne sont pas récents. Dès les années 80, dans un contexte de crise sanitaire et économique, alors que la population en croissance affichait de plus en plus une logique consumériste dans son accès aux soins, les acteurs du système de santé français et les pouvoirs publics en évoquaient déjà les insuffisances. Le décloisonnement ville-hôpital interroge fondamentalement l’effectivité d’un parcours de soins fluide et sans rupture pour la population. Aujourd’hui, la question de son utilité ne se pose plus, mais la cloison reste manifestement bien solide. La réponse est indéniablement politique. Mais comment lever les freins à l’intervention sur les territoires de professionnels relevant de différents régimes juridiques et simplifier la coordination des parcours de soins ?
14/06/24
Il est frappant de relever que dès le tournant jacobin pris à compter des années 70 dans l’organisation hospitalière et empreint de libéralisme économique à compter de l’ordonnance du 2 mai 2005 instituant la tarification à l’activité (T2A) les réformes successives de notre système de santé ont toujours encouragé les liens ville-hôpital, sans réelle efficience.
L’apparition des premiers réseaux, dès les années 90, réunissant les acteurs publics, privés et libéraux d’un « bassin » de santé entendait déjà donner une réponse d’accompagnement pluridisciplinaire (sanitaire, social, etc.) aux pathologies chroniques en forte croissance, notamment en considération du vieillissement de la population ou de problématique de santé publique (VIH, hépatite, cancer…)1. Les réformes du système de santé qui suivirent ont continué de promouvoir le même objectif : donner des réponses adaptées et efficientes au besoin en santé de la population d’un territoire par différents dispositifs parfois financés par différents fonds publics et qui se sont accumulés avec plus ou moins de cohérence d’ensemble.
En ville, pour répondre notamment à la crise démographique, aux déserts médicaux et aux conditions d’exercice professionnel, les décisions politiques ont conduit parfois en ordre dispersé :
- à la généralisation des ex-réseaux de santé essentiellement monothématique (gériatrie, oncologie, maladies chroniques…) axés autour d’une prise en charge coordonnée afin de garantir une approche globale du parcours du patient ;
- au renforcement de l’approche populationnelle des centres de santé, anciens dispensaires, axée sur les soins primaires de proximité et des équipes de soins primaires ;
- à l’émergence des maisons de santé pluridisciplinaire en 2007 axées sur la coordination, l’éducation thérapeutique et la coopération des professionnels de santé libéraux de la ville ;
- à la mise en place des ex-pôles de santé réunissant des acteurs de santé d’un territoire, dont l’hôpital ;
- à l’émergence en 2016 de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui se veulent le pivot de l’organisation des soins de proximité en réunissant les acteurs de santé, du social et du médico-social, autour d’une approche globale et coordonnée des soins ;
- aux coopérations entre professionnels de santé.
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