Désinfection des chambres d’hospitalisation – Rayonnements UV-C, une technique écoresponsable

Dans les établissements de santé, certaines surfaces constituent des réservoirs microbiens susceptibles d’être à l’origine de contamination directe ou de contamination indirecte par l’intermédiaire des mains des soignants. Conscientes de ce risque, les équipes opérationnelles d’hygiène (EOH) hospitalières élaborent les recommandations nécessaires. Les surfaces font l’objet d’un nettoyage régulier et d’une désinfection pour certaines d’entre elles. On distingue schématiquement deux types de surfaces hôtelières :
• les sols qui ne sont pas à risque de contamination, nettoyés quotidiennement et dès qu’ils sont visiblement souillés pour offrir un environnement accueillant au patient. Beaucoup d’équipes se tournent maintenant vers l’utilisation exclusive de l’eau et des microfibres, ou encore d’un simple détergent ou savon ;
• les surfaces dites « hautes » ou très manipulées (high touch), directement en contact avec les mains : elles nécessitent d’être nettoyées pour être visuellement propres, mais aussi désinfectées pour être débarrassées des micro-organismes potentiellement pathogènes.
Pour les surfaces hautes, il faut associer deux procédés : le nettoyage et la désinfection. Le classique « bionettoyage en trois temps » (détergent/rinçage/ désinfectant) est généralement remplacé par l’application d’un des nombreux produits commercialisés qui revendiquent les deux propriétés (détergent/ désinfectant) en une seule application. Autre procédé fréquent, le « bionettoyage renforcé », via un produit au spectre antimicrobien ciblé sur un risque avéré – comme après l’hospitalisation d’un patient porteur de bactéries multirésistantes ou hautement résistantes aux antibiotiques (BMR ou BHRe) et d’un patient infecté par Clostridioides difficile par exemple.

Les produits désinfectants et détergents/désinfectants utilisés répondent aux exigences des normes Afnor. Ils revendiquent un effet bactéricide, virucide, fongicide, quelquefois sporicide. Les surfaces hautes sont nettoyées et désinfectées à l’aide d’une chiffonnette imprégnée d’une solution adaptée dont le principe actif désinfectant est souvent un ammonium quaternaire, du dioxyde de chlore, de l’eau de Javel… selon le spectre antibactérien à atteindre. Ces produits irritants nécessitent d’être manipulés avec des gants à usage unique. Ils peuvent être sensibilisants et allergisants pour les professionnels qui les manipulent quotidiennement. Ils ne sont pas longtemps stables une fois reconstitués, ce qui oblige à éliminer, en fin de journée, les solutions non utilisées dans les effluents hospitaliers, au risque de perturber le fonctionnement des stations de traitements des rejets hospitaliers en aval.

Dans une démarche écoresponsable à la recherche de techniques n’utilisant pas de produits chimiques, nous avons mesuré l’efficacité désinfectante de l’exposition des surfaces à désinfecter aux rayonnements UV-C produits par certaines lampes. Nous comparons aussi l’efficacité désinfectante des UV-C (procédé automatique) à la désinfection obtenue par l’emploi des techniques classiques manuelles du bionettoyage à l’hôpital. Nous avons publié deux études présentant nos résultats, dans la revue Hygiènes.

NOS RÉSULTATS PUBLIÉS

• T. Crettenois, S. Burger, E. Lemaire, T. Fersing, O. Meunier, « Désinfection des surfaces à l’hôpital par exposition aux rayonnements UV-C (253,7 nm) », HygièneS, décembre 2022, vol. XXX, n°6, p. 349-356.
• T. Sooben, B. Boyruk, T. Crettenois, T. Fersing, S. Burger, O. Meunier, « Bionettoyage des surfaces à l’hôpital : comparaison de l’efficacité antibactérienne de plusieurs techniques », HygièneS, avril 2023, vol. XXXI, n°2, p. 107-116.