Le Cahier TH

N°627 Novembre - Décembre 2025

L’omission complète de crossmatch cellulaire en transplantation rénale

La réussite d’une greffe d’organe repose notamment sur la compatibilité cellulaire entre donneur et receveur, évaluée grâce à un crossmatch cellulaire. Au CHU de Bordeaux, l’expérience de l’omission de cette étape, rendue possible par les progrès du crossmatch virtuel en greffe rénale (comparaison sur dossier des profils des donneurs et receveurs), illustre une évolution majeure de la transplantation rénale. Elle associe sécurité immunologique, efficience organisationnelle et bénéfices écologiques et économiques.

Dr Théo Le Ballois Biologiste
Dr Marine Cargou Biologiste Laboratoire d’immunologie et immunogénétique, CHU de Bordeaux, hôpital Pellegrin, Bordeaux, France
Projet lauréat de la deuxième édition du Prix de thèse « Pertinence des soins et des parcours », catégorie « Pertinence et impact médico-économique » décerné par la Fédération hospitalière de France, lors du congrès SantExpo 2025.

26/11/25

La transplantation rénale est une avancée thérapeutique majeure dans la prise en charge de l’insuffisance rénale terminale. Elle reste cependant limitée par la pénurie de greffons, les contraintes immunologiques et les contraintes logistiques. Le crossmatch cellulaire occupe une place historique et incontournable dans la transplantation rénale. Initialement décrit avec la technique de microlymphocytotoxicité, puis optimisé avec la cytométrie en flux1, il permet de mettre en évidence une incompatibilité immunologique entre les sérums du receveur et les lymphocytes du donneur. En effet, ces tests in vitro évaluent le risque de rejet lié à la présence d’anticorps préformés dirigés contre les molécules HLA (Human Leucocyte Antigen) du donneur (anticorps spécifiques du donneur : DSA).

Ces tests peuvent être réalisés avant la greffe (crossmatch cellulaire prospectif) ou immédiatement après la greffe ou péri-greffe (crossmatch cellulaire rétrospectif). Si le crossmatch cellulaire a permis d’éviter de nombreux rejets hyperaigus, il présente aujourd’hui plusieurs limites : il nécessite la disponibilité rapide de cellules viables, mobilise du personnel en astreinte et, dans les cas de crossmatches cellulaires prospectifs, il retarde la greffe et allonge la durée d’ischémie froide2. De plus, ce test entraîne un coût financier et écologique significatif en raison de sa réalisation 24h/24 7j/7, du temps de réalisation technique (environ 4 heures), des réactifs utilisés et du traitement des déchets. C’est dans ce cadre que l’amélioration de la fiabilité du crossmatch virtuel a profondément modifié l’organisation des greffes rénales depuis 2021 en France.


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