Ressources Humaines
N°614 Septembre - Octobre 2023
Professionnels médicaux – Qu’attendent-ils de leur direction des affaires médicales ?
Réforme du 3e cycle des études médicales, unicité du concours et refonte du statut de praticien hospitalier, mise en oeuvre du nouveau statut de praticien contractuel, territorialisation des exercices médicaux ou tout du moins des problématiques, déploiement des entretiens professionnels, mise sous contrôle de l’intérim médical et demain révision des modalités d’organisation et de paiement de la permanence des soins… : la liste des évolutions qui impactent le quotidien des directions des affaires médicales (DAM) est loin d’être exhaustive et les oblige à une expertise sans cesse renouvelée. En parallèle, les thématiques se concentrent désormais sur l’attractivité, la qualité de vie au travail et l’accompagnement du management médical. Communicante, alliée, conseillère carrière ou prestataire de services : quel regard portent les professionnels médicaux sur leur DAM ? Quelles sont leurs attentes concernant les missions et les échanges avec elle, et plus particulièrement par rapport au directeur ou directrice des affaires médicales ? De là, quels enseignements quant à l’organisation et au fonctionnement de cette « direction essentielle* » pour les professionnels médicaux ?
16/10/23
LES ENTRETIENS ET LEUR CONTEXTE
Cet article constitue une synthèse des entretiens menés par les élèves directeurs d’hôpital dans le cadre de leur formation à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et de leurs enseignements concernant les affaires médicales. Ces entretiens avec des professionnels médicaux (médecins, pharmaciens et odontologistes, de l’interne au praticien hospitalier [PH] et professeur des universités-praticien hospitalier [PU-PH] en fin de carrière) se sont tenus au cours du printemps et de l’été 2021 : 461 praticiens ont été interrogés, issus de 76 établissements publics de santé. Armelle Drexler Directrice du département affaires médicales, recherche et qualité, Hôpitaux universitaires de Strasbourg Professeure affiliée, coordonnatrice des enseignements « affaires médicales », École des hautes études en santé publique (EHESP)
* Expression issue de témoignages de professionnels médicaux interrogés dans les entretiens.
« Direction clé », « pièce maîtresse de l’échiquier », voire « carburant de l’hôpital et carte Mappy des médecins », les professionnels médicaux s’entendent sur la place particulière que représente pour eux la DAM, en tant que « direction la plus proche des médecins », souvent la direction qu’ils connaissent le mieux ou vers laquelle ils s’orientent spontanément en cas de besoin. Il ressort d’un grand nombre d’entretiens un besoin de reconnaissance des problématiques rencontrées au quotidien, car « les relations souffrent d’un manque de compréhension entre les contraintes des directeurs et les contraintes des médecins ». En tant que « direction porte d’entrée », la DAM assure la fonction de « vitrine de la direction » et améliore la connaissance mutuelle entre services de soins et direction.
La DAM se doit d’« [aller] au contact des médecins pour connaître les difficultés ». Même si « c’est aussi [aux professionnels médicaux] de solliciter la DAM pour les rendre proches du terrain » ! Mais pas trop pour certains, comme l’exprime ce médecin : « Moins la direction met son nez dans l’organisation interne du service et sur les relations entre médecins, mieux c’est. » Un besoin d’information émerge quant à l’organisation de la direction et au fonctionnement de l’établissement : « Il faudrait que le personnel médical connaisse le rôle d’un directeur, d’une DAM et les règles basiques de fonctionnement d’un établissement et de la vie institutionnelle » ; « ce qui est problématique, ce sont les multisollicitations et se faire trimballer d’un acteur à un autre, devoir demander dix fois. » Apparaît aussi un rôle de la DAM pour mobiliser les acteurs médicaux : « J’ai peu de connaissances sur la vie institutionnelle de l’établissement. Par exemple, les élections de la CME, la possibilité de participer aux sous-commissions, pourquoi s’impliquer, pourquoi c’est important, quels enjeux et quels objectifs. J’aimerais que la DAM communique sur tout cela. »
Les professionnels médicaux émettent le souhait que la DAM ait une réelle compréhension des problématiques organisationnelles du service et une bonne connaissance des difficultés du quotidien. « On n’est pas assez nombreux et on a du mal à trouver notre équilibre dans ce contexte […]. J’ai l’impression qu’on ne travaille pas dans une situation confortable. Que la [DAM] écoute, comprenne, nous dise qu’on fait bien, nous encourage, nous motive, c’est aussi important. […] Si on a l’impression que la direction doute de nous et de notre sincérité, c’est dur. On attend de la considération. » En parallèle, ils attendent que « les DAM [soient] capables de valoriser ce qui se fait dans un service, de dire que telle activité est intéressante et qu’on peut recruter plus, dire que ça va bien, il y a un rôle de soutien ».
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