Promesses et défis de la télémédecine

La pandémie de Covid-19 a mis en évidence la faisabilité et le rôle important de la télémédecine comme levier pour assurer la continuité des soins dans un contexte de restriction des interactions en présentiel. Depuis, son développement postpandémique est en progression constante comme le souligne un rapport de l’OCDE publié en 2025, qui appuie la nécessité d’intégrer la télémédecine de manière responsable dans les parcours de soins courants¹. En comparaison internationale, ce rapport souligne notamment les efforts de la France sur le plan réglementaire et de la gouvernance pour favoriser et piloter son déploiement.

Toutefois, les prémisses de cette technologie, ainsi que les apories des systèmes de santé auxquelles elle entend répondre, sont bien antérieures à la pandémie. L’accroissement de la demande de soins, lié au vieillissement de la population et à la progression des maladies chroniques, la pénurie de professionnels médico-soignants, les difficultés d’accès aux soins dans les déserts médicaux sont autant de facteurs qui ont préparé le terrain à son développement. La télémédecine moderne trouve ses premières applications dès les années 1960, notamment dans des contextes militaires et spatiaux, avant de se diffuser plus largement dans les années 1990-2000 avec l’essor d’Internet, en particulier dans les pays scandinaves et au Canada, confrontés à de faibles densités médicales sur de vastes territoires.

Son arrivée en France est plus récente comme en atteste la loi Hôpital, patient, santé, territoires (HPST) de 2009 qui définit la télémédecine dans le Code de la santé publique comme « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication ». Les téléconsultations sont remboursées par l’assurance maladie au même titre qu’une consultation présentielle depuis septembre 2018, sous réserve d’un parcours de soins coordonné.

En France, le code de la santé publique reconnaît cinq actes de télémédecine : la téléconsultation (consultation réalisée à distance entre un patient et un professionnel de santé), la télésurveillance médicale (le suivi à distance de l’état de santé d’un patient grâce à des dispositifs connectés), la téléexpertise (l’échange à distance entre professionnels de santé pour obtenir un avis spécialisé sur la situation d’un patient), la téléassistance médicale (accompagnement à distance d’un patient ou d’un professionnel de santé par un médecin) et la régulation médicale (réponse médicale à distance par un médecin régulateur pour évaluer et orienter la demande de soins d’un patient).

À noter que les téléconsultations ne concernent pas uniquement le secteur médical : les consultations avec des sages-femmes représentent le deuxième motif de consultation le plus fréquent sur certaines plateformes comme Medaviz. Le développement de ces pratiques s’inscrit dans une stratégie plus large de transformation numérique de la santé, à l’échelle nationale et européenne. Le plan E-santé 2030 de l’Union européenne vise notamment à créer un espace européen des données de santé sécurisé, interopérable et accessible aux citoyens, afin de renforcer la continuité des soins, soutenir la recherche médicale et favoriser un accès fluide aux dossiers de santé électroniques d’ici à 2030.

Un plan similaire a été adopté par la Confédération suisse pour promouvoir la transformation numérique du système de santé et le développement du dossier patient électronique (DPE). Cet article explore les promesses et les défis de la télémédecine sous trois angles : la relation patient/ soignant, l’expérience des professionnels de santé et les conséquences écologiques de la télémédecine.