Grand Angle

Regarder la psychiatrie en face

N°625 Juillet - Août 2025

Psychiatrie publique – Une urgence sanitaire qui appelle des réponses structurantes

Face à l’augmentation des besoins en santé mentale et en psychiatrie depuis la pandémie de Covid-19, particulièrement chez les jeunes, et aux difficultés d’accès aux soins psychiatriques, l’action est essentielle. 2025 a été déclarée année de la grande cause nationale pour la santé mentale et la psychiatrie, constituant une opportunité unique d’agir pour oeuvrer à la déstigmatisation des patients atteints par ces troubles. Pour répondre à l’urgence et bâtir la psychiatrie de demain, des réponses rapides sont nécessaires en soutien des hôpitaux publics, acteurs pivots de la psychiatrie, qui assurent 80 % de la prise en charge adulte et 95 % de celle des enfants et adolescents.

Dr Sylvie Peron Présidente
Vincent Ollivier Coordinateur
Groupe Psychiatrie de la FHF


21/07/25

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la santé mentale est devenue une urgence de santé publique en France. Près d’un cinquième de la population, soit 13 millions de Français, est concerné par la maladie mentale et les troubles psychiques 1. Cette réalité s’est particulièrement aggravée depuis la crise sanitaire. Le nombre de passages aux urgences pour motif psychiatrique a ainsi atteint 566 000 en 2023, soit une hausse de 21 % par rapport à 2019. Cette augmentation témoigne d’un système de soins qui voit les urgences devenir le point d’entrée principal en psychiatrie, au lieu des dispositifs d’accueil que sont les centres médico-psychologiques (CMP).

La situation des jeunes révèle l’ampleur de la crise. Chez les 18-24 ans, les épisodes dépressifs ont connu une progression spectaculaire, passant de 11,7 % en 2017 à 20,8 % en 2021 selon Santé publique France 2. Plus inquiétant encore, les hospitalisations pour tentative de suicide ou automutilation chez les adolescentes et jeunes femmes de 10 à 24 ans ont progressé « de façon brutale et inédite » selon une étude de 2024 3. Enfin, en 2023, 936 000 jeunes de 12 à 25 ans ont été remboursés pour au moins un psychotrope, en hausse de 18 %. Les enquêtes récentes confirment cette tendance préoccupante : un quart des lycéens déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois, tandis que l’étude Mentalo établit que les risques anxio-dépressifs concernent deux tiers de la population des 11-24 ans 4.


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