Quantifier pour prioriser – Réduire l’impact environnemental du secteur de la santé

Le secteur de la santé représente une part significative de l’empreinte carbone française : selon The Shift Project, il serait à l’origine de 8 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, soit 49 millions de tCO2e¹. Plus du tiers de ces émissions (38 %) étant imputable aux hôpitaux, ceux-ci doivent nécessairement transformer leurs pratiques, afin de prendre toute leur part aux efforts de décarbonation de la société et d’améliorer la résilience du secteur hospitalier, tout en garantissant la qualité des soins dans un monde en changement.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la feuille de route pour la planification écologique du système de santé, publiée en 2023², qui fixe au système de santé français un objectif de réduction de ses émissions de GES de 5 % par an jusqu’en 2030. D’autres textes applicables aux hôpitaux promeuvent une transformation de nos modes de fonctionnement : sobriété énergétique³, alimentation saine et durable⁴, lutte contre le gaspillage⁵, promotion des achats responsables⁶, etc. Réduire son impact environnemental est d’autant plus important pour le secteur de la santé que celui-ci est affecté par la crise climatique, à au moins deux titres :

• le dérèglement climatique augmente les risques sanitaires liés au climat : selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il est à l’origine à l’échelle mondiale d’une augmentation inquiétante de pathologies respiratoires, de maladies liées à la chaleur ou à l’eau, de zoonoses⁷, de la malnutrition et d’atteintes à la santé mentale des populations. Il aggrave les inégalités sociales (les plus vulnérables sont souvent les plus exposés⁸) et met sous pression les systèmes de santé. Entre 2030 et 2050, l’OMS projette ainsi que le changement climatique entraînera 250 000 décès supplémentaires par an dus à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur ;

• les changements climatiques et l’aggravation des catastrophes naturelles mettent à l’épreuve la vulnérabilité bâtimentaire des établissements de santé. Un rapport publié en 2023 projette que sans réduction des émissions de GES, le nombre d’hôpitaux menacés d’arrêt total ou partiel à cause d’événements météorologiques extrêmes (inondations, cyclones, tempêtes, etc.) pourrait doubler d’ici à 2100, atteignant presque 5 % pour les hôpitaux de France métropolitaine⁹.