Regards croisés – Comment s’organise l’écosystème de santé pour accueillir l’IA ?

Monique Sorrentino Directrice générale du CHU Grenoble-Alpes
Présidente de la commission des services numériques au sein de la Conférence nationale des directeurs généraux de CHU et
Anne kittler Secrétaire générale du CHU Grenoble-Alpes

Franck Mouthon Président de France Biotech et Stéphane Tholander Vice-président et coordonnateur de la commission numérique en santé de France Biotech

Quels sont les enjeux de l’IA pour les établissements de santé dans les mois/années qui viennent ?

Monique Sorrentino/Anne Kittler
Ces technologies font émerger beaucoup d’idées et de perspectives qui fédèrent les acteurs de la santé et permettront de faciliter le développement de démarches pré-dictives, préventives et personnalisées. Les deux principales applications sont, en premier lieu, le gain de temps dans le travail des soignants par la gestion des organisations et la fluidité du transfert des informations patients entre la ville et l’hôpi-tal, ensuite l’évolution de la pratique de la méde-cine, avec de fortes perspectives sur la recherche, notamment sur la prédiction, pour améliorer le soin aux patients. Ainsi, au CHU de Grenoble, plusieurs projets utilisent l’entrepôt de données de santé (EDS) Predimed ¹, à l’instar du projet Demeter, qui a pour objectif principal d’identifier précocement les patients à risque d’événements indésirables liés aux soins de santé ², ou du projet Odiasp, pour le diagnostic de la sarcopénie en imagerie scanner ³. 

Franck Mouthon/Stéphane Tholander
Les appli-cations de l’IA pour l’hôpital sont nombreuses, des optimisations de toutes sortes aux volets de la recherche (à partir de données en vie réelle mises en commun et valorisées) et du soin, avec des enjeux diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques. Ainsi, voient le jour des dispositifs médicaux d’aide à la décision, des traitements personnalisés en onco-logie, des thérapies numériques pour les patients diabétiques, etc. Le volet prévention est lui aussi majeur, avec la prédiction des comportements à risque, qui nécessite une structuration précise des données croisées entre la ville et l’hôpital. Enfin, les agents conversationnels ont connu des avan-cées sensationnelles ces dernières années, avec un niveau de connaissance et d’empathie inégalée, pouvant bouleverser la relation médecin/patient.