Vers des systèmes de santé intégrés et populationnels – Quels enseignements tirer de l’expérience internationale ?

La prévalence croissante des pathologies chroniques et le vieillissement de la population touchent l’ensemble des systèmes de santé des pays avancés. Couplées au progrès technologique et scientifique, ces deux dynamiques conduisent à une augmentation massive des besoins, mais aussi des coûts, posant l’enjeu de la soutenabilité de ces systèmes sur la durée ¹. Ainsi, ces derniers devraient se transformer pour adopter des modes d’action proactifs, cherchant à éviter l’apparition de pathologies et, dans tous les cas, à maintenir les individus dans le meilleur état de santé possible. Cela nécessiterait une forte intégration de l’ensemble des intervenants, sanitaires, mais aussi des secteurs médico-sociaux et sociaux ².

Pour autant, les systèmes de santé sont marqués par une très grande diversité : taille, mode d’administration, de financement, différences culturelles, etc. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur la possibilité de dégager une ligne directrice. Est-ce que cet objectif de transformation des organisations vers des modèles intégrés et populationnels se retrouve effectivement dans la « vraie vie » et, si oui, sous quelle forme ? C’est l’objet du travail dont rend compte cet article. En nous appuyant sur les documents stratégiques et opérationnels produits par les systèmes de santé euxmêmes, nous avons cherché à modéliser des dimensions structurantes qui transcendent les spécificités nationales ³.

Nos conclusions montrent clairement qu’un modèle se dégage, indépendamment de la taille des systèmes ou de leurs régimes. Remarquablement similaire à travers les continents et les cultures, il vise à mettre en oeuvre, dans la pratique, une vision stratégique partagée dont la mise en oeuvre s’appuie sur la mobilisation de leviers qu’il est possible d’identifier et de mettre en relation. Un tel travail, une première en France à notre connaissance, livre ainsi des enseignements extrêmement précieux sur notre propre trajectoire d’évolution.