Innovation & Numérique

La transformation numérique doit se focaliser sur les différents niveaux de soins, de ceux de première ligne jusqu’aux plus spécialisés. Si ces avancées technologiques sont un atout pour les bénéficiaires comme pour les effecteurs de soins, ces innovations conduisent à une nécessaire révision du cahier des charges dans la conception et l’architecture des établissements de santé. En effet, l’articulation entre les soins de première ligne, les soins de recours, les soins spécialisés et l’interface avec l’hôpital doit être au cœur des réflexions pour garantir une prise en charge cohérente et efficiente des patients.

Le CHU de Nice a été parmi les premiers CHU français à débuter un programme robotique, en 2006. Longtemps anecdotique, l’activité y a connu un changement rapide et une croissance majeure sur les dix dernières années, suivant une méthode conçue et conduite par le Pr Durand, chirurgien urologue et chef de programme robotique, qui a permis d’en faire une activité à l’équilibre budgétaire, mais aussi l’un des piliers de la relance d’activité chirurgicale et de l’attractivité de l’établissement.

Depuis les premiers pas en 2007, le CHU de Lille n’a cessé de faire évoluer ses équipements, mettant progressivement au service des patients de nouvelles générations de robots chirurgicaux. La stratégie du CHU en matière de robotique, s’appuyant notamment sur la diversification des robots proposés, améliore la qualité de l’offre tout en constituant une source d’attractivité pour les praticiens et les étudiants. En particulier, une démarche globale pour continuer à développer l’activité de chirurgie du rachis du CHU a été initiée par l’équipe de neurochirurgie en 2018, afin d’améliorer la qualité de prise en charge du patient, en allant vers des interventions de plus en plus personnalisées.

Les horizons ouverts par l’arrivée de l’intelligence artificielle en santé sont immenses, tant au niveau organisationnel que pour la recherche et le soin. Financement, questions éthiques, réglementation… Pour comprendre les enjeux auxquels font face les établissements hospitaliers et les professionnels de la healthtech, la Revue hospitalière de France est allée à la rencontre de la présidente de la commission des services numériques de CHU, Monique Sorrentino, directrice générale du CHU Grenoble-Alpes, accompagnée de sa secrétaire générale Anne Kittler, et de Franck Mouthon, président de France Biotech, secondé par le vice-président de l’association, Stéphane Tholander.

Pour exploiter pleinement son potentiel, l’intelligence artificielle (IA) doit s’appuyer sur des données de vie réelle, de qualité et disponibles dans un environnement sécurisé, tout en étant pertinentes pour la pratique médicale, soignante et administrative. Cet accès aux données doit s’inscrire dans une stratégie de transformation complète et de collaboration intégrée, gage d’une IA responsable. Depuis plusieurs années, le CHU de Bordeaux développe une approche associant l’expertise et le savoir-faire technique, médical réglementaire, juridique et numérique, afin de développer des programmes de recherche et développement collaboratifs, et des projets d’expérimentation de solutions innovantes à base d’IA.

À l’instar des pionniers de la Renaissance qui, armés de la boussole et du sextant, redéfinirent les contours du monde connu, l’hôpital s’apprête à naviguer dans les eaux inexplorées de la médecine, du soin et de la recherche augmentée par l’IA. Bien que cette traversée emporte avec elle la promesse de repousser les limites de notre capacité à repérer, prévenir, diagnostiquer et mieux traiter les maladies, elle implique de cartographier notre itinéraire de navigation et de former l’équipage à manoeuvrer habilement dans ce courant que rien ne semble pouvoir endiguer.